Des objets connectés toujours de plus en plus nombreux…
Le marché des objets connectés, encore faiblement démocratisé à l’heure actuelle, a néanmoins fait l’objet de nombreuses innovations durant l’année 2012. Ce n’est donc pas un hasard si la conférence LeWeb 2012 ou le CES 2013 de Las Vegas (Consumer Electronics Show), leur accordent une large place.
Au salon LeWeb 2012 : Murs tactiles et plantes connectées
Parmi les innovations les plus marquantes, on peut citer Sensorit, une startup française qui a développé une solution capable de connecter et de tactiliser n’importe quelle surface rigide (table, mur, etc.). La société suisse Koubachi a développé une solution de surveillance des plantes via Wifi et Smartphone : le capteur Wi-Fi, installé à proximité de la plante mesure les paramètres de vitalité clés (humidité du sol, intensité lumineuse, température). Il est désormais possible de faire presque tout avec les objets connectés, qui ont vocation à se placer de plus en plus au centre de notre quotidien.
Au CES 2013 : Les lampes connectées à l’honneur
Le CES 2012 avait été significativement consacré aux objets connectés de longue durée (frigidaires, téléviseurs, et autres appareils électro ménagers) ; en 2013, une forte attente se fait sentir pour les Smarts bulbs (ampoules intelligentes). Cette tendance s’explique notamment par le retrait progressif des lampes à incandescence du marché au profit d’ampoules moins consommatrices et longue durée (15 000 heures, soit environ 5 ans), ce qui a permis de les rendre connectées.
Philips, a profité de cette opportunité pour lancer en novembre dernier une technologie d’éclairage à base de LED : Philips Hue. Les ampoules peuvent se brancher sur n’importe quelle lampe et intègrent des LED tricolores qui leur permettent de reproduire 16 millions de couleurs, y compris les nuances de blanc. Chaque ampoule est connectée grâce au protocole radio ZigBee, un standard qui tend à se démocratiser dans la domotique. Elles sont reliées entre-elles et contrôlables par smartphone grâce à une passerelle Wifi. Philips commercialise actuellement un « kit de départ » : pour 200 € (une passerelle et trois ampoules). Chaque ampoule supplémentaire coûte 60 €. La confection d’un réseau complet devient vite coûteuse mais peut devenir rentable compte tenu de la longue durée de vie de ces ampoules et surtout des multiples possibilités offertes : contrôler les lumières de sa maison via son smartphone, les allumer le soir lorsqu’il est absent et qu’il veut faire croire à une présence, créer une ambiance particulière pièce par pièce, faire réagir les ampoules à la musique, créer des scènes ou restituer des teintes à partir d’une photo. En dehors de Philips, d’autres entreprises (principalement des startups) ont proposé ou vont proposer des solutions comparables (LIFX, Spark, GreenWave Reality, etc.), preuve de l’existence d’un fort potentiel pour ce type d’ampoule.
…mais qui peinent à se démocratiser
Selon Cisco, le marché des objets connectés via Internet est en voie de démocratisation et devrait croitre lors des prochaines années pour atteindre 50 milliards d’objets en 2020 (ils étaient légèrement supérieurs au nombre d’êtres humains en 2008). Ce chiffre impressionnant semble néanmoins difficilement atteignable dans les conditions actuelles. Les acteurs du marché sont confrontés à 5 enjeux capitaux auxquels ils devront répondre :
- enjeu de convergence : développer l’interopérabilité des objets
- enjeu économique : limiter les coûts de connexion
- enjeu technologique : intégrer de l’innovation dans des objets longue durée
- enjeu de sécurité : garantir la sécurité des utilisateurs
- enjeu de responsabilisation : déterminer l’acteur responsable d’une défaillance
Développer l’interopérabilité des objets : le principal enjeu pour assurer la démocratisation des objets connectés réside dans l’interopérabilité des objets entre eux. Tant que chaque constructeur, éditeur de service, ou fournisseur de solution imposera sa propre norme, le marché peinera à décoller. Une standardisation est nécessaire pour rompre avec l’atomisation du marché et ainsi favoriser l’interopérabilité des objets. Cette standardisation permettrait aux utilisateurs de disposer d’un grand nombre d’objets connectés sans pour autant avoir à installer plusieurs boitiers chez eux. La définition d’une norme commune à l’ensemble des acteurs parait à ce jour peu probable, principalement du fait de la réticence qui émane des constructeurs. Il sera donc nécessaire de continuer à utiliser des passerelles pour faire parler entre eux des appareils dans des normes différentes. Certains produits, tels que Somfy – Tahoma ou SmartThings, sont compatibles avec plusieurs normes mais n’offrent aujourd’hui qu’un catalogue produits limité.
Limiter les coûts de connexion : faire communiquer des objets entre eux coûte cher. L’enjeu est donc de définir quelle connexion mettre en place pour faire communiquer des milliards d’objets, tout en contrôlant les coûts d’implémentation et de bande passante. Alors que le haut débit occupe une place de plus en plus prépondérante, une jeune entreprise française (Sigfox) a développé une technologie permettant de bâtir un réseau radio mille fois moins coûteux que celui des opérateurs mobiles. L’innovation réside dans l’économie de moyens, avec à la fois une faible consommation énergétique et des capacités de transmission ramenées à l’essentiel. Elle revendique le titre de premier opérateur « machine to machine » : les objets peuvent échanger entre eux via Internet grâce à des petites antennes et à des puces à très basse consommation.
Intégrer de l’innovation dans des objets longue durée : développer des innovations au sein d’objets tels qu’un frigidaire ou une machine à laver est délicat compte tenu de leur durée de vie longue. La technologie insérée sera rapidement dépassée par une nouvelle innovation. Le client ne verra donc pas nécessairement l’utilité d’investir dans un frigidaire connecté, d’une durée de vie de 15 ans. En revanche, les objets connectés de durée de vie plus courte (ampoule par exemple) ou dont la technologie n’évoluera que peu (verrouillage de porte d’appartement) ont un potentiel plus important pour se démocratiser rapidement.
Garantir la sécurité des utilisateurs : la sécurité des utilisateurs et la protection de leurs données doit être garantie. Pour chaque objet mis en place, il est nécessaire de définir les risques qu’il comporte et d’en informer les utilisateurs.
Déterminer l’acteur responsable d’une défaillance : en cas de défaillance d’un objet, l’utilisateur peine à identifier le responsable du dysfonctionnement. Doit-il s’adresser au constructeur de l’objet ? Au distributeur ? À l’éditeur ? L’absence de réponse à ces questions ou d’explications fiables, sera une forte contrainte au développement des objets connectés.
Seule une réponse à ces différents enjeux permettra une croissance significative du marché des objets connectés, notamment en France ou le marché peine encore à décoller. La maison connectée en est encore à ses débuts et le potentiel est grand.
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