iOS 6 et les débuts ratés de « Plans »

Tous les possesseurs d’iDevices l’auront sûrement remarqué, les deux applications natives phares signées Google (Youtube et Maps) ont disparu de l’interface iOS, via sa dernière mouture iOS6. Et pour cause, Apple a fait l’impasse sur l’application Google Maps, au profit de son propre service de cartographie. Plus que la volonté de ne plus payer de redevance à un concurrent direct, la stratégie d’Apple consiste à réintégrer un segment stratégique, source de nombreux revenus potentiels.

Cependant et à la surprise presque générale, Apple dont la réputation d’excellence n’est plus à démontrer a semble-t-il raté son entrée dans l’écosystème de la cartographie .

Mais que reproche-t-on à Plans ? Les erreurs de jeunesse reprochées à Apple sur ce domaine concernent principalement le manque d’informations pertinentes sur les lieux d’intérêt, des difficultés de géolocalisation, des indications d’accès erronées ou pas assez optimisées, des erreurs d’orthographe ou encore, et là plus grave, des oublis (tiens, la station Oberkampf a disparu…).

Apple a-t-il confondu vitesse et précipitation ?

Le changement de stratégie opéré par Apple dans le domaine de la cartographie n’a pas surpris les experts. En effet, en juin 2012, le WSJ estimait qu’Apple travaillait sur une version maison de « Maps » depuis 2009. Steve Jobs, le gourou d’alors, avait parait-t-il réuni quelques-uns de ses fidèles lieutenants, dont Tim Cook, pour évoquer sa volonté de mettre fin à la dépendance de la pomme vis-à-vis de Google pour les services de localisation et de mapping au sens large. Pour lui, ce segment allait rapidement devenir porteur et incontournable, et il était donc impensable de laisser Google s’insérer dans l’écosystème iOS sans réagir et travailler à une solution propriétaire.

Cependant, même si Apple a lancé son programme en s’entourant de spécialistes et en achetant quelques pépites du secteur comme C3 Technologies (société suédoise spécialisée dans la cartographie 3D), ses débuts « en propre » dans l’univers du mapping représentent un échec cuisant pour la firme et provoquent à la fois l’ire de certains fans, comme le bonheur de quelques concurrents.

Acculée, la Direction de la firme à la pomme en la personne de Tim Cook a décidé la semaine passée d’éditer un communiqué de presse pour exprimer son mea-culpa :

« Avec le lancement de la nouvelle application Maps la semaine dernière, nous n’avons pas respecté notre engagement (de qualité). Nous sommes vraiment désolés pour la frustration que cela a causé à nos clients et nous mettons tout en œuvre pour rendre  Maps meilleur » s’est ainsi excusé Tim Cook.

Autre point historique, il s’agit de la première fois qu’Apple recommande à ses clients d’utiliser d’autres solutions que les siennes (Bing Maps, MapQuest, Waze etc.).

Comment en est-on arrivé là ?

Deux vents contraires animent la toile sur les potentielles raisons de cet échec.

D’un premier côté (version la plus probable), certains estiment qu’Apple aurait forcé la main à Google pour pouvoir utiliser dans le Maps iOS6 la navigation « Tour à tour » développée à l’origine par Google pour Android. Google aurait bien évidemment refusé d’apporter cette innovation source de différenciation à Apple et ce refus aurait précipité la fin des relations entre les deux firmes, Google attendant de son côté des excuses et une demande officielle d’Apple pour revenir sur iOS. Au final, devant l’urgence de la situation, Apple aurait donc décidé d’accélérer son projet de développement interne de sa propre solution mais le lancement prévu de l’iPhone 5 et d’iOS 6 n’aurait pas laissé le temps à la firme de finaliser son application.

Plans & Siri

D’un autre côté (le moins probable), certains experts estiment que c’est Apple qui aurait rompu de façon unilatérale son contrat d’exploitation de Google Maps. En effet Apple aurait souhaité sortir en propre sa propre application de mapping en même temps que le lancement d’iOS 6 et de l’iPhone 5, mais ce serait brulée les ailes. Cette décision, si elle est vérifiée, constituerait une véritable surprise pour les experts qui estiment que son contrat d’exploitation de Google Maps courait encore pour une année. Année qui aurait donné la possibilité à Apple de « sécher » son application avant de la lancer sur un potentiel iOS 7.

Apple « Plans », entre Time-to-Market et stratégie à la Free ?

Si la sortie d’un produit « quasi fini » ne ressemble en rien au passé d’Apple, rappelons que Free est un coutumier du fait et que cela n’impacte en rien son image. Ainsi, si Apple a semble-t-il était contraint par le temps et n’a pas rempli ses obligations en termes de qualité, l’on peut parier qu’à l’image de Free, Apple conservera son image de pionner. Les fans inconditionnels, comme tous les autres, apprendront à attendre les mises à jour firmware pour bénéficier pleinement de leur produit Apple.

 

Si Apple semble prendre la mesure de la déception causée chez les fans (la firme à la pomme aurait déjà débauché plusieurs têtes en charge du mapping chez Google comme chez d’autres concurrents), les éditeurs « périphériques » de services cartographiques semble profiter de l’aubaine. Garmin mais aussi Navigon qui se développent sur la branche des GPS ont déjà mis à jour leurs applications et proposent un mode piéton plus élaboré et une intégration Street View.

En outre, Apple peut redouter la sortie prochaine d’une application Google Maps dans l’App Store, ce qui aurait pour effet de détourner encore plus une partie de son trafic vers les services d’un concurrent majeur.

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