Dès 2011, les opérateurs français annonçaient leur volonté de déployer 1 million de mobiles NFC Cityzi, aujourd’hui c’est enfin chose faite. La technologie NFC (Near Field Communication ou encore Communication en champs proche) est présentée comme étant la prochaine révolution de l’industrie du mobile. Mais les utilisateurs connaissent-ils vraiment toute l’étendue des services qu’elle offre? Faut-il s’arrêter au paiement sans contact qui concentre aujourd’hui le plus gros des efforts?
Les services NFC découlent des différents modes de fonctionnement du mobile NFC. On en distingue trois. Le mobile peut fonctionner comme une carte sans contact, en tant que lecteur de tags NFC, et enfin, deux mobiles NFC peuvent s’échanger des informations en mode Peer-to-Peer.
Le mobile NFC, une carte multifonction
Le paiement sans contact
Dès qu’on parle de NFC, on pense d’abord au paiement mobile où les enjeux et les opportunités sont les plus importants. En effet, cet usage est l’un des premiers objectifs du NFC. Les opérateurs, les constructeurs, les banques, les commerces…, tous ont leur rôle à jouer.
Même si l’envie est là, il est pour l’instant difficile d’anticiper un déploiement à grande échelle. Celui-ci doit faire face à deux obstacles de taille, le premier est celui de la sécurisation des transactions, tous les acteurs y travaillent d’arrache-pied. L’opérateur Orange vient d’annoncer qu’il compte équiper ses abonnés de cartes SIM NFC sécurisées avec un niveau de sécurité des transactions équivalent aux cartes de paiement traditionnelles. Le second, non moins difficile à mettre en place, est de rendre cohérent l’écosystème de services autour du paiement sans contact afin d’inciter les utilisateurs à prendre leur mobile pour effectuer leurs achats, et les commerçants à s’équiper de terminaux de paiement comptables. Certaines initiatives prouvent le fort potentiel de la technologie, comme les bracelets NFC au Wireless Festival 2012 de Londres.
En France, le NFC est lancé via un regroupement des principaux opérateurs français (Orange, SFR, Bouygues et NRJ Mobile) sous l’appellation Cityzi. Cependant, les services associés au paiement sans contact restent pour l’instant embryonnaires, seuls quelques commerçants dans quelques villes en sont équipés. Outre Atlantique, Google a également initié plusieurs projets pilotes en même temps que le lancement de son application Google Wallet, mais le service est loin d’être banalisé. Pour l’instant, c’est en Asie que le chantier est le plus avancé.
Le mobile comme porte-cartes
Fonctionnant de la même manière, d’autres usages moins sensibles à l’écosystème et aux problématiques de sécurité commencent à voir le jour. Ainsi, le mobile NFC peut faire office de titre de transport, de ticket de parking, de badge d’entreprise ou encore de carte de fidélité. Les usages sont multiples et l’avantage principal est que tout est regroupé au même endroit.
À Nice, l’une des villes pionnières du NFC en France, on peut ainsi voyager sur tout le réseau Lignes Azur grâce au service BPASS sur les mobiles Cityzi. On peut acheter le titre de transport directement sur son mobile, puis il suffit de le passer près de la borne à bord du bus pour valider son titre.
À Toulouse, une expérience est menée à l’aéroport de Blagnac en collaboration avec Orange et RIM. Grâce au NFC, l’utilisateur est accompagné tout au long de son parcours, depuis le parking, où le mobile NFC enregistre son emplacement, jusqu’à la zone d’embarquement avec les informations sur son vol en temps réel, en passant par l’enregistrement simplifié grâce aux bornes NFC.
Récemment, Apple a montré sa réticence à se lancer dans la bataille du paiement sans contact et préfère se concentrer sur ces services plus simples à mettre en place. Ainsi, à priori on ne devrait pas s’attendre à une iWallet, à l’instar du Google Wallet, mais plutôt à des nouveaux services mettant à profit la technologie NFC. Dans la présentation en avant-première de iOS 6, on voit apparaître une nouvelle application « Passbook », un endroit pour tout ranger, sa place de cinéma ou encore ses coupons de réductions. Même si Apple ne mentionne pas explicitement la technologie NFC, iPhone 5 qui devrait arriver cet automne, pourrait bien en être équipé.
Le mobile NFC, lecteur de tags
Des tags informatifs…
Très simple d’utilisation, les tags NFC constituent un bon moyen d’initier les utilisateurs novices au NFC. Plus simples et intuitifs, ils sont souvent complémentaires des codes-barres 2D. Plus besoins d’allumer le mobile et de lancer une application dédiée, il suffira simplement de passer son mobile à proximité d’un tag pour voir s’afficher l’information recherchée.
Ces tags peuvent être placés par exemple dans les gares ou encore sur les lieux touristiques. À Nice encore, grâce au service BPASS et aux tags NFC présents aux arrêts de bus, on peut par exemple acheter son ticket de transport, avoir les infos sur l’état du trafic ou bien encore consulter l’horaire du prochain bus. D’autres initiatives sont mises en place ailleurs en France, on trouve des visites guidées grâce aux tags NFC avec l’expérience menée au Musée du quai Branly avec l’application le musée en Musique.
Un autre domaine d’application prometteur est la publicité. Les affiches publicitaires pourront progressivement être équipées de tags NFC. En approchant son mobile d’une affiche, on pourra ainsi accéder à des informations complémentaires, télécharger une bande annonce ou encore un coupon de réduction. Ainsi, pour faire la promotion du Samsung Galaxy S3, équipé d’une puce NFC, on peut apercevoir des affiches de publicité équipées de tags NFC. En approchant son mobile contre le tag, celui-ci permet de télécharger gratuitement le titre « Fight to Win » du groupe Goodie Mob.
…aux tags personnalisables
Les tags personnalisables sont une nouveauté proposée par plusieurs constructeurs. Pour quelques euros, on peut acheter des tags vierges comme les TecTiles par Samsung ou encore les Smart tags par Sony Mobile. Les utilisateurs peuvent ainsi programmer et reprogrammer les tags au gré de leurs envies et de leurs besoins afin de simplifier certaines tâches quotidiennes ; un tag pour activer le mode avion sur la table de nuit ou encore un tag avec sa carte de visite dans le portefeuille.
Entre mobiles NFC, on partage tout
L’échange d’informations entre deux mobiles existe depuis longtemps via de nombreuses technologies différentes (les ondes infrarouges ou encore le Bluetooth). Les usages les plus courants sont les échanges de carte de visites, de photos ou encore de vidéos. Ces services existent déjà, mais le NFC présente une simplicité et une rapidité accrues. Avec la fonctionnalité « Android Beam » disponible sous Android 4.0 ou encore sa version revisitée « S beam » par Samsung avec le nouveau Galaxy S3, plus besoin d’ouvrir une application dédiée, il suffit d’appuyer sur « envoyer » et le contenu est automatiquement transféré sur l’autre mobile. À titre d’information, un fichier vidéo de 300Mo peut être partagé en moins d’une minute entre 2 mobiles Samsung Galaxy S3.
Mais le NFC peut toujours faire mieux, Google a notamment déposé un brevet sur le transfert d’applications entre 2 mobiles NFC. Par exemple s’il est possible de lire ses mails sur son mobile, il est bien plus pratique de taper la réponse avec sa tablette. Bientôt, en approchant son smartphone de sa tablette, les deux appareils pourront se synchroniser et permettre à l’utilisateur de continuer à travailler dans les meilleures conditions. On pourra certainement voir apparaitre cette fonctionnalité dans une prochaine version d’Android.
N’ayez plus peur, activez le mode NFC sur votre mobile !
Dans le contexte actuel, la première étape est de banaliser les usages NFC à travers des services simples d’accès et sans risques. Il faut d’abord faire connaitre le NFC en équipant le plus grand nombre d’utilisateurs afin pouvoir généraliser une utilisation massive.
C’est pourquoi les services comme le paiement mobile ne pourront réellement être déployés qu’une fois l’écosystème prêt et les utilisateurs sensibilisés. La protection des données privées et la sécurité des transactions constituent pour l’instant toujours un frein important. Ce n’est qu’en offrant de solides garanties et en accompagnant les utilisateurs que les différents acteurs assureront le succès tant attendu du NFC. Une certitude demeure, les « plateform providers » (Google, Microsoft, Apple), les constructeurs et les opérateurs préparent ce moment de longue date et seront de la partie.
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