La fibre optique et plus globalement le haut débit sont des sujets dont on parle depuis des années mais dont l’apparition concrète dans notre quotidien reste nébuleuse.
Oui, le « futur » du réseau est connu mais tarde à se généraliser au point que certains organismes tels qu’HADOPI et l’ARCEP ont commandité un rapport auprès du cabinet Analysys Mason afin de comprendre pourquoi la situation reste bloquée en France et quel est son avenir à moyen terme.
De nombreux services et usages amenés à se développer grâce au THD
Fonctionnant en haut débit, de multiples services et usages seront impactés par le passage au très haut débit, parmi lesquels les services basés sur les nouveaux formats audiovisuels (télévision à ultra-haute définition et la télévision stéréoscopique), le télétravail ou encore le Cloud Computing et gaming.
Le rapport d’Analysys Mason envisage par ailleurs un développement de nouveaux services amenés à apparaitre grâce à la THD comme l’informatique social. Cela consisterait par exemple à ce que les membres d’un groupe fermé d’utilisateurs mettent en commun leur espace disque au profit du groupe.
Des apports assez peu perceptibles
Techniquement, les apports du THD face au haut débit sont clairement identifiés. Pourtant le constat aujourd’hui est que les utilisateurs du haut début se satisfont des services qui leurs sont proposés. En sus les offres actuellement proposés en THD n’apportent pas de services nouveaux, ne suscitant pas d’attrait d’exclusivité.
En agrégeant ces éléments à la faible couverture actuelle du THD, les concepteurs de services ne se retrouvent pas particulièrement encouragés à la création rapide de nouveaux services.
La vidéo, bouée de sauvetage du développement du THD ?
Le tableau n’est néanmoins pas si noir pour le THD et son développement. En effet certains comportements des utilisateurs du haut débit comme le multi usage de services liés à la vidéo (plusieurs utilisateurs sous un même toit), la croissance de l’accès à la télévision par internet ainsi qu’une perpétuelle amélioration de la qualité des formats génèrent des besoins importants en débit.
Un cercle vertueux quelque peu vicieux ?
Il est entendu que les nouveaux services amenés à apparaître avec le THD permettront de générer de nouveaux revenus, incitant ainsi à développer le déploiement du THD et initiant par la même un cercle vertueux.
Néanmoins l’absence de nouveaux services spécifiques au THD ne milite pas pour son déploiement qui reste un investissement fort pour les opérateurs. Et sans un déploiement important, l’intérêt de développer de nouveaux services reste faible puisque peu de revenus sont à espérer à court terme.
Les avantages du cercle vertueux correspondent ainsi aux freins du cercle vicieux.
La solution pourrait évoluer avec les besoins de plus en plus importants en termes de débit forçant ainsi les opérateurs à se développer pour répondre aux besoins suscités par leur offre de services.
La France en retard face aux autres pays développés
Sur la scène internationale, la France se positionne en marge des pays les plus développés.
En regardant à la loupe la situation des autres pays, on voit que se dégagent deux facteurs majeurs du développement du THD :
- Une forte intervention de l’état : Pour des besoins qui leurs sont propre (soucis de désenclavement des territoires en Australie, développement de la télémédecine en Suède), certains pays ont vu le déploiement de la THD chez eux financé par l’état.
- Une concurrence accrue de fournisseurs de services : Aux USA, la concurrence entre les fournisseurs de DSL et de câble est très vive. Le THD est apparu ainsi comme un moyen de se démarquer de la concurrence.
La France ne bénéficiant pas de ces conjonctures favorables et ayant un réseau cuivre, le déploiement du réseau THD est relativement faible avec 655.000 abonnés quand 5,9 millions de foyers sont raccordables.
Selon le Centre d’analyse stratégique (CAS), les besoins en financement étant très important, il faudrait impliquer d’autres acteurs. Nous soulignions d’ailleurs les différences de point de vue sur le financement des infrastructures optiques dans un article précédent.
Répartition des abonnés haut débit et THD par technologie [Source : Analysys Mason, Telegeography, Analysys Mason Research, Déc. 2010]
Seulement une mèche à allumer ?
Le manque de services spécifique aux THD freine son développement car il ne suscite pas un besoin auprès des consommateurs qui se satisfont du haut débit aujourd’hui. En sus tant que le réseau ne sera pas en place, même dans l’hypothèse que des services spécifiques soient déployés, ils ne seraient à disposition que d’un nombre restreints d’utilisateurs.
Ce cercle vicieux n’est pas sans rappeler l’histoire de l’œuf et de la poule, avec pour morale qu’il est nécessaire que l’un des leviers soit activé pour que le cercle devienne vertueux.
On a peut-être un début de piste avec cette déclaration de Vincent Chriqui, directeur général du CAS « les acteurs du numérique doivent être mis à contribution, sous une forme qui reste à définir« .
ou c’est peut-être le contraire; le manque de raccordement et de raccordés freine l’avancée technologique… Aujourd’hui on se contente du haut débit, mais nous n’avons pas réellement une diversité d’offre à débit supérieur.
Mais tous les jours nous nous rendons à l’évidence; le wifi rame, la téléphonie par les box c’est pas top, les net-téléchargements sont toujours trop lent et pour la TV on est limite.
La conclusion est : si meilleure offre il y a, j’achète…
Ps: bel article Michael…