Scanner sa santé en permanence avec Scanadu

L’entreprise Scanadu créée en 2011 mettra bientôt sur le marché un dispositif portable permettant aux particuliers d’analyser leur état de santé directement  grâce à l’analyse d’échantillons de fluides corporels (urine, salive, sang etc.) ou de photos.

Motivée  par un prix-concours de 10 millions de dollars lancé par la fondation X-PRIZE et sans doute inspirée par des films et des séries de science-fiction comme Star-trek, une équipe de recherche de la NASA a imaginé et développé un petit objet de la taille d’un gobelet  permettant à tout un chacun de mesurer soi-même une batterie d’indicateurs de santé. Utilisé seul ou couplé à la puissance de calcul et/ou à l’appareil photo et à la connexion internet du téléphone, il permettra de diagnostiquer des problèmes de santé, d’indiquer la marche à suivre, que ce soit de l’automédication ou le recours urgent a un professionnel de santé. 

À destination des parents de jeunes enfants dans un premier temps, on peut imaginer de nombreux usages mais aussi  de nombreuses dérives qui feront évoluer à terme la législation, les usages et le marché de la santé et concernant notamment la transmission et la protection des données.

L’automédication, un marché prometteur et dangereux

Avec le renchérissement des frais de santé et la diminution de leur prise en charge, un nombre croissant de personnes hésitent à recourir à des professionnels de santé ce qui explique par exemple le succès des sites internet comme doctissimo (8 millions de visiteurs uniques par mois, capitalisation de 138 millions d’euros).  Des sites collaboratifs et/ou de vulgarisations se multiplient et présentent des avantages pour traiter les affections bénignes tout en comportant des risques : des parents ont été inculpés d’homicide involontaire pour n’avoir pas emmené leur enfant à l’hôpital après une chute – ils avaient préféré faire confiance à ce qu’ils avaient lu sur un forum internet…

Toutefois  les erreurs médicales de vrais professionnels de santé sont courantes (plus de 10 000 morts chaque année en France)  et sont même dans certains pays une des premières causes de mortalité indirecte.

À terme, ce type de dispositifs mobiles pourrait devenir bon marché s’ils étaient produits a grande échelle et avoir une utilité publique dans les pays où le système de santé est inaccessible à une grande partie de la population,  à cause du coût ou de l’éloignement.  L’arrivé sur le marché de Scanadu reste donc une opportunité pour autant que les diagnostics qu’il fournit n’ait pas valeur de consultation réelle et que les usagers l’utilisent bien en compléments du circuit médical classique  (s’il existe).

Vers Un DPI interactif

En France, des plans nationaux comme « hôpital 2012 » incitent les professionnels de santé à se doter de « dossier patient informatisé », qui permettent d’éviter la dispersion des informations chez les différents établissements et personnes ayant pris le patient en charge. Les informations de gestion et les données médicales circulent plus vite, ne sont pas perdues ou détériorées ce qui améliore la continuité des soins et la qualité de la gestion.

Il existe déjà des ponts qui permettent d’accéder à son dossier personnel, sur demande ou par internet. On pourrait imaginer comment l’introduction de Scanadu pourrait rendre ce DPI interactif. Un patient souffrant de diabète par exemple pourrait faire ses relevés d’insuline quotidiennement  sur Scanadu et uploader directement les résultats pour mettre à jour des statistiques consolidées, ou même créer une alerte pour lui et son médecin en cas d’anomalie.

De nombreuses dérives possibles

En poussant le raisonnement à peine plus loin, on bascule vite du sympathique scénario de science-fiction de Star trek aux contre-utopies comme Bienvenue a Gattaca :  un monde où les accès aux bâtiments, à l’emploi et même aux relations amoureuses sont régis par de constants tests sanguins, salivaire ou des contrôle rétiniens. On peut imaginer par exemple les nouveaux systèmes de tarifications appliqués par les compagnies d’assurance si elles pouvaient effectuer des analyses impromptues à l’insu du client.

image bienvenue à Gattaca

 

Pour le législateur, il s’agira donc  de délimiter les usages que l’on doit ou peut faire cet outil de surveillance de santé.  Pour les particuliers et le professionnels de santé il faudra s’assurer de rester maître des informations que l’on souhaite partager… ou pas.  Cela équivaut à être plus vigilant et se protéger contre le vol des données informatiques ou physiques (au sens propre du terme) en établissant des frontières claires et sécurisées sur ce qui peut être accessible : une équipe de chercheurs a récemment montré qu’il était facile de prendre le contrôle des puces présentes dans les pacemakers, pour changer les données, les paramétrages et même… les désactiver.

Pour finir sur une note positive, on peut imaginer l’infinité d’applications qui pourraient bientôt naître sur les Smartphones avec Scanadu  pour nous éviter les longues files d’attentes, du stress inutile ou pire… d’être malade sans le savoir.

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