« La recherche sociale » : il ne s’agit pas d’une nouvelle mesure politique mais d’un terme, un concept qui fait parler de lui ces derniers jours avec la nouvelle fonctionnalité « Search plus the world » de Google associé à son réseau social Google+.
Ce mécanisme de recherche, si il est censé améliorer la pertinence des résultats des moteurs de recherche, soulève pourtant un certain nombre de questions.
De quoi s’agit-il au juste ?
Jusqu’à présent les moteurs de recherche utilisaient des algorithmes complexes basés sur de la sémantique pure pour analyser l’ensemble des sources d’information du Web afin de proposer un résultat le plus pertinent et objectif possible.
Avec l’essor des plateformes sociales (Facebook, Twitter…), des cercles de connaissances et de partage d’intérêts se sont créés. Qui est plus à même de répondre pertinemment à mes questions, interrogations, que les personnes appartenant à la même communauté que moi ? Il s’agit ici d’une numérisation de concepts éprouvés sur la base du bouche à oreille ou de la recommandation d’intérêt.
Aussi demain lorsqu’un internaute lancera une recherche sur un mot clé, la réponse sera en priorité recherchée dans les différentes communautés auxquelles il adhère, partant du principe qu’une information partagée par un « ami » a une valeur, une proximité et une pertinence supérieure à la moyenne.
La neutralité des résultats de recherche est-elle remise en cause ?
En effet depuis quelques jours, les premiers résultats d’une recherche Google sont puisés dans les flux d’informations partagés par vos contacts Google+… et uniquement ceux-là. Les comptes Facebook, Twitter ou autres ne sont pas consultés.
Une façon d’affaiblir les concurrents directs mais également un verrouillage complet de l’utilisateur dans l’écosystème Google. Quand on sait que Google est le moteur préféré de 67% des internautes dans le monde (90% en France), la problématique se rapproche dangereusement de l’abus de position dominante.
Les résultats sont-ils réellement plus pertinents ?
Un des effets de bord de cette décision est que l’objectif de personnalisation et de meilleure pertinence des résultats de recherche risque alors d’être remis en cause. Car si Google annonce 90 millions d’utilisateurs à son service Google+, quel est le réel pourcentage de personnes partageant une information (qui plus est de qualité) via ce service ?
Si chacun de nous utilise très régulièrement Facebook et/ou Twitter, partageant des analyses, photos, des liens qui nous sont chers, connaissez-vous seulement le réseau social de Google ? En se passant de la richesse de contenu de ces plateformes sociales, Google n’est-il pas en train d’appauvrir la qualité de ses résultats ? Google est-il en mesure de convertir les utilisateurs membres de communautés établies de Facebook ou Twitter à son service ? Cette décision ne se fait-elle pas finalement au détriment des intérêts de l’utilisateur ?
Ainsi en recherchant « Facebook » sur Google, le profil vide Google+ de Mark Zuckerberg arrive en position numéro une plutôt que d’autres résultats plus pertinents issus d’autres réseaux sociaux.
Qu’en est-il de la confidentialité des informations et le respect de la vie privée
Cependant si vous êtes férus des services Google, il y a de fortes chances que vous fassiez partie de la communauté Google+ sans le savoir. Vous utilisez la messagerie Gmail ? Vous partagez des photos sur Picasa ? Vous créez des cartes sur Google maps ? À ce jour la création d’une adresse « gmail » implique automatiquement l’ouverture d’un compte Google+.
De plus, la récente unification des règles de confidentialité des différents services Google permet de compiler l’ensemble des informations associées à un utilisateur autour d’un seul compte. Meilleure expérience utilisateur certes, mais également meilleur connaissance des utilisateurs, meilleur ciblage publicitaire…
Il conviendra alors pour l’utilisateur de maitriser le partage de ses informations personnelles sous peine de les voir s’afficher dans les résultats de recherche de n’importe quel contact de son réseau Google+. Est-il besoin de préciser que parmi les services Google on retrouve la sauvegarde de l’historique de recherche, les informations de localisation personnelle via Google Latitude, les abonnements au flux RSS ?
Pour quoi faire au juste ?
L’acte d’achat a toujours été influencé par la recommandation. La communauté, et plus encore la recherche au sein de cette communauté, est une opportunité fabuleuse pour les marques de pousser leurs produits auprès de nouveaux consommateurs via ces recommandations.
Pour le moteur de recherche ou la plateforme sociale, c’est un nouveau moyen de monétisation publicitaire avec une meilleure connaissance des besoins et envies des clients. Facebook possède un coup d’avance sur Google, grâce à la taille de sa communauté, la richesse de son contenu et son programme Facebook Open Graph.
Dans le cas de la recherche sociale, une requête pour un produit commercial sur Google pourrait être mis en valeur via les commentaires, recommandations émis par la communauté et inciter à l’achat. Google en tant qu’intermédiaire de la transaction pourrait également avoir à y gagner…
DuckDuckGo, le moteur de recherche pour éviter la social search….
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/02/20/duckduckgo-le-petit-moteur-de-recherche-qui-monte_1645965_651865.html#xtor=AL-32280270