Depuis longtemps, la guerre Facebook / Twitter est relativement stable, chaque réseau ayant sa raison d’être et son public. Alors que Facebook a toujours créé des relations de réciprocité entre les « amis », Twitter se démarque en rendant les relations asynchrones : vous pouvez suivre quelqu’un qui vous ne suit pas – et inversement.
Depuis peu, Google+ est venu chambouler l’équilibre précaire du duo en proposant le « meilleur » des deux mondes : Facebook-like, le service est aussi utilisable à-la-Twitter en ajoutant à ses cercles des personnes qui ne nous ajoutent pas – et inversement. Facebook a dégainé mercredi sa réponse à l’offensive de Google : le bouton « S’abonner ».
En fait, ce changement fait parti d’un mouvement plus global de Facebook permettant à ses utilisateurs de mieux gérer son réseau et ce qu’ils publient. Ainsi, il est déjà possible de publier un post de manière publique, à ses amis seulement, ou de personnaliser post par post la cible visée. La logique est donc poussée plus loin avec cette nouvelle option : l’ajout d’amis devient unilatéral et non plus bilatéral. Une petite révolution dans le concept même de Facebook.
Concrètement, lorsque vous vous abonnez à une personne, celui-ci n’a pas besoin d’accepter une demande d’amis. Les post qu’il publie en public sont lisibles directement dans votre flux, ceux qu’il publie seulement à ses amis sont invisibles. On se rapproche ici du comportement de Google+. Facebook a fait le choix de rendre cette option (dés)activable par l’utilisateur : chacun pourra donc l’utiliser ou non selon sa vision et son usage de Facebook.
Cela sera en tout cas particulièrement utile pour toutes les personnes utilisant le service de manière à la fois personnelle et professionnelle, ou pour des blogs. Reste que les pages créées pour répondre à ce besoin risquent d’être délaissées, malgré la division proposée par Facebook (célébrités/marques/entreprises). Enfin, il n’est pas évident que ce changement se généralise rapidement : les utilisateurs de Facebook ne sont pas habitués à utiliser ce réseau de la sorte et pourraient ne pas s’intéresser à cette nouvelle fonction, la réservant à Google+ ou Twitter.
Notons pour conclure que de nombreuses nouveautés ont été ajoutées à Facebook depuis les dernières semaines, avec notamment :
- des nouvelles listes intelligentes : cela commence par la création de trois listes automatiques en fonction des informations de votre profil et de vos amis, ou encore de listes avec des critères de publication ou affichage spécifique (meilleurs amis, connaissances…) ; par la suite, en créant une liste et en y ajoutant des amis, Facebook pourra vous suggérer automatiquement les (bonnes ?) personnes pouvant être ajoutées.
- des photos plus grandes et mieux mises en avant : la aussi concurrencé par Google+ dont l’affichage des photos est très apprécié (ergonomie, sobriété, mise en avant…), Facebook a beaucoup amélioré la visualisation des images (fond blanc, boutons qui s’effacent pour mieux voir l’image…) mais aussi leur mise en avant dans les post, ce qui est d’autant plus intéressant que des études récentes montrent que les post avec image sont bien plus lus et cliqués que ceux sans image
Ces nouveautés sont donc essentiellement une manière de contrer Google+, qui avait logiquement ciblé les faiblesses de Facebook. La concurrence profite donc aux utilisateurs, en permettant de grands progrès ergonomiques sur la délicate question de la vie privée/vie publique. Peu d’utilisateurs de Facebook avaient organisé leurs contacts en groupe (- de 10%). Les cercles Google+ paraissent assez ludiques, mais ils sont rapidement lassants avec un grand nombre de contacts. La solution des listes intelligentes parait bonne, mais elles doivent à la fois être assez intelligentes pour être pertinentes et ne pas donner l’impression d’un Big Brother maîtrisant mieux nos relations que nous-mêmes…