Le doute n’est plus permis, à l’avenir, nos téléphones mobiles seront aussi des portefeuilles électroniques.
Si la plupart des acteurs (de la distribution, des télécoms, des consumer electronics) anticipent un raz-de marée du NFC, les terminaux compatibles se font toujours attendre. La porte est donc ouverte pour des approches alternatives, simples et déployables, dès maintenant.
La nécessité est mère de l’invention
Nous sommes en 2009, Jim McKelvey est un artiste souffleur de verre qui cherche à vendre ses sculptures. Ses œuvres suscitent de l’intérêt, mais comme il n’accepte pas les cartes bancaires, il perd de nombreuses ventes. Lui vient alors l’idée d’un système permettant à n’importe qui d’accepter des paiements en carte bancaire. L’idée de Square est née.
Square sera lancé en mai 2010, en collaboration avec un ami de McKelvey : Jack Dorsey, accessoirement co-fondateur de Twitter.
Pour atteindre leur objectif du terminal CB pour tous, les fondateurs mettent en place un système très simple. Le particulier, l’indépendant ou le petit commerçant n’a qu’à ouvrir un compte Square en ligne (gratuit) ; il reçoit alors (toujours gratuitement) un lecteur de CB à brancher sur la prise audio de son smartphone, et le voilà prêt à accepter toutes les CB.
Un succès fulgurant…
Les utilisateurs de la solution ne se sont pas faits attendre : 500,000 lecteurs de carte Square ont déjà été distribués, et le rythme s’accélère : 100,000 nouveaux lecteurs sont distribués chaque mois. De plus, la société enregistre $1 million en paiements mobiles…par jour.
Au travers de ses diverses levées de fonds ($100 millions au total), la société est maintenant valorisée à $1 milliard.
Square est une entreprise prometteuse et elle a vraisemblablement le potentiel de concurrencer le modèle des géants des solutions de paiement tels que Visa ou MasterCard.
Visa ne s’y est pas trompé et, en réaction, a investi un montant non-divulgué dans Square ; Visa s’est aussi assuré un siège au conseil consultatif de l’entreprise…
Les acteurs historiques ont en effet tout intérêt à surveiller de près et mettre sous contrôle cette société, qui a le potentiel d’offrir bien plus qu’une solution low-cost de paiement par carte.
Facteurs clefs de succès, ou pourquoi les acteurs traditionnels doivent-ils surveiller Square ?
Un système parfaitement adapté au marché des TPE et indépendants
La première force de Square réside en sa raison d’être initiale : simplicité/prix.
Visa et Mastercard demandent beaucoup au commerçant : du matériel dédié, un abonnement data, un abonnement au service, une commission variable par vente, une commission fixe par vente…
Pour Square, aucun investissement matériel n’est nécessaire, pas d’abonnement (sauf un éventuel abonnement 3G en mobilité) et une seule et unique commission par transaction : 2,75% (au lieu de 3% à 9% chez les acteurs traditionnels.)
On comprend mieux l’attrait de Square pour les 27 millions de TPE sur le territoire américain…
Au-delà du lecteur CB low-cost, vers une dématérialisation totale de l’acte de paiement
Mais le potentiel de Square va bien au-delà. En effet, une fois que j’ai glissé une première fois ma carte bancaire dans le lecteur Square d’un commerçant, celui-ci détient mes informations de paiement.
Lorsque je retourne chez ce commerçant, il me suffit de lui dire mon nom, il vérifie ma photo et me demande éventuellement de composer un code PIN ; j’ai payé sans même avoir sorti ma carte. Je reçois alors mon reçu par SMS ou email.
Square souhaite même aller plus loin en proposant des cartes de fidélité dématérialisées. Via une application mobile (Square Card Case), le consommateur peut ainsi collecter ses cartes de fidélité virtuelles. Fini la carte de fidélité oubliée ou égarée.
Dans un futur proche, une telle application pourra être un levier permettant au commerçant de me proposer des coupons de réduction en fonction de mes goûts, de mes habitudes, de là où je me trouve…
Une souplesse et une analyse qui assurent aux commerçants une connaissance client enrichie
L’utilisation de Square permet aux commerçants de gagner en connaissance client. Square offre en effet avec son service un tableau de bord en ligne permettant de suivre de manière très fine qui sont les clients, ce qu’ils achètent, quand… Il s’agit en quelque sorte d’un Google Analytics du paiement.
Ainsi, Square peut proposer de nombreux services à très forte valeur : quel est le pourcentage d’acheteurs qui prennent un café avec un Muffin ? Ce consommateur régulier n’est pas venu depuis 15 jours, je devrais lui envoyer une réduction ; un client fréquent est venu avec un ami la semaine dernière, je peux faire bénéficier à l’ami d’une réduction sur sa prochaine consommation…
Par son positionnement, Square vise des segments de population jusqu »alors non-servis par les acteurs traditionnels (médecins à domicile, chauffeurs, petits cafés, taxis…).
Via cette porte d’entrée, Square s’assure une visibilité certaine, mais le service est capable de bien plus. Puisqu’il est souple, connecté et intégré dans les smartphones, Square est à la fois système de paiement, outil d’acquisition, de fidélisation et de rétention client.
Va-t-on voir Square entrer sur le marché français ? C’est tout à fait probable et même officiellement en projet. Square aurait tort de s’en priver. En effet, le développement d’un tel service au-delà des frontières américaines présente peu de freins : les terminaux compatibles (iOS et Android) sont disponibles partout dans le monde et Square fonctionne totalement indépendamment des opérateurs nationaux.
Reste la question de la sécurité, mais la présence de Visa parmi ses actionnaires devrait lui garantir une crédibilité suffisante pour le moment.
Ici, un concurrent de Square européen, ERPLU. Il ajoute la fonctionnalité NFC à son dongle, a une commission légèrement inférieure et une solution plus orientée vers le multi sites.
http://gigaom.com/2011/08/23/card-swipe-dongle-or-nfc-erply-chooses-both/
http://www.readwriteweb.com/archives/with_squares_card_case_pay_by_saying_your_name.php
Une nouvelle offre de Square : le paiement par la voix.