Apporter la richesse d’Internet sur l’écran de la TV n’est pas une mince affaire. Chaque conférence sur la TV connectée (et elles sont nombreuses ! ) est l’occasion de répéter le leitmotiv de l’expérience utilisateur parfaite qui reste à inventer. Mais ces incantations venant de toutes parts ont rarement débouché sur des avancées pratiques, au vu des offres actuelles. A date, les TV connectées ont le syndrome du réfrigérateur intelligent : ça existe, ça a l’air bien, mais personne ne les utilisent vraiment.
Un axe de progression est incontestablement la mise en place de la « social TV », qui permettra in fine d’adapter au mieux l’hyperchoix de contenus aux besoins de l’utilisateur. Celui-ci se verra donc épargner à la fois les recherches interminables et un programme TV inintéressant. Appétissant non ?
une TV très sociale par nature
L’écran qui trône dans le salon ou qui tapisse les murs du bar au coin de la rue est par nature un objet social, consommable en groupe. Sa grande taille permet en effet de vivre une expérience à plusieurs, quelle soit en famille ou entre amis. Constituant un des loisirs les plus économiques, c’est aussi celui qui capte, de loin, le plus de temps dans nos vies. Seul média capable de rassembler des millions de personnes à un instant donné et de concurrencer la météo comme sujet à la machine à café, la TV reste un sujet phare d’échanges.
C’est donc naturellement que sur Internet, doté d’une très large panoplie d’outils de communication, la TV est un univers prolixe. Blogs, sites spécialisés, tweets et fan pages Facebook pullulent, générant un bruit médiatique phénoménal. Pourtant, ces échanges sont pour la plupart du temps desynchronisés de la consommation du contenu ou obligent à un effort certain pour partager ces moments.
De plus, même si certains ont déjà commencé à étudier les flux de tweets pour avoir une mesure qualitative de l’audience ou prévoir le succès des films au cinéma, ces données sont encore assez peu utilisées. Elles ne sont pas non plus optimales, car si le téléspectateur tweete « affalé sur mon canapé devant #scretstory #jaimeTG1 », TF1 risque de rater les mots clés « SecretStory et « TF1″…
Des outils ergonomiques et des usages à créer pour industrialiser la « social TV »
Pour stimuler et dompter ce flux d’informations, les acteurs du secteur se doivent donc de proposer les outils les plus ergonomiques et efficaces. Les applications de Social TV se multiplient sur les smartphones, tablettes et PC, en attendant l’intégration dans les TV connectées elles-mêmes : TVCheck d’Orange, IntoNow racheté par Yahoo!, Miso, GetGlue… Facebook a annoncé également au MIPTV que le check-in TV sera prochainement disponible.
Voici une démo très claire d’un check in TV (application Miso)
Afin de donner envie à un maximum d’utilisateurs de contribuer à générer ces informations, il faut à la fois une ergonomie irréprochable (rapidité et simplicité d’exécution) et un environnement de confiance favorable au partage.
Au delà de l’application elle-même, le point clé de l’ergonomie des applications de Social TV est dans la reconnaissance automatique de ce qui est regardé. Ceci est réalisé par deux technologies majeures :
– le watermarking des flux, qui impose des accords avec tous les producteurs de contenu ou diffuseurs. Ceci doivent accepter d’insérer ce marqueur invisible dans leurs contenus (audio et/ou vidéo), afin qu’il puisse être analyser lors d’une diffusion. Ce signal est déjà utilisé pour les contenus de cinéma, afin notamment de tracker le piratage. Ce tatoutage numérique est reconnu immédiatement par le terminal permettant d’analyser le signal (iPhone ou iPad associé à une application par exemple).
– le fingerprinting, à la Shazam. Le terminal doit enregistrer une séquence de quelques secondes puis communiquer avec une base de données construite apriori, afin de comparer l’empreinte numérique du contenu. L’avantage évident est que les diffuseurs et producteurs n’ont pas à être sollicités. Mais il faut de gros moyens pour numériser les contenus, notamment ceux diffusés en direct. IntoNow a ainsi indexé les 5 dernières années de TV aux Etats Unis.
Pour instaurer un environnement favorable, la recette Facebook paraît être la bonne. Nous sommes prêts à partager beaucoup (trop?) de choses, car nous sommes « entre amis » et que le bénéfice utilisateur est évident. Chacun donne un peu d’informations et en reçoit beaucoup en retour. Les services de « social TV » doivent donc jouer sur la communauté et proposer une qualité de service notablement améliorée en fonction des contributions des membres.
L’axe de la gamification, où l’utilisateur est instantanément gratifié de badges (à la Foursquare) en fonction de son activité est une piste déjà empruntée par la plupart des services. Au delà, les pistes démontrées par ExMachina dans l’application PlayToTV sont alléchantes : sondages express, t-commerce, paris, courbes d’audience live… La vidéo de démo vaut le coup d’oeil !
Et après ?
Le but de tous ces efforts est bien de nourrir une base de données propre à chacun, avec son historique d’usages, son profil et ceux de ses amis. Par la suite, il s’agit de faire levier avec ces données pour fournir un EPG social, mais cela fera l’objet d’un autre article…
Notons toutefois que les opérateurs peuvent ajouter à ces informations l’analyse des données qui transitent par leur réseau et qui est identifié par abonné. Cette exploitation n’est pas faite actuellement, mais si l’enjeu devient majeur (marché publicitaire et abonnements), le chantier sera certainement lancé pour de bon. Les informations collectées par la voie des réseaux sociaux ont toutefois une valeur plus importante, car l’utilisateur a consciemment donné ses informations. La sensation de Big Brother est donc atténuée, alors que les technologies du genre DPI (deep packet inspection) provoquent instantanément une levée de boucliers (voir le cas Phorm au Royaume-Uni)
D’aucuns envisagent également un usage de la « social tv » comme outil de cocréation, avec pour exemples la série Bar Karma, coécrite par les internautes ou les jeux faisant interagir les internautes (Million Pound Drop ou 1 vs 100). L’idée est toujours d’impliquer au maximum le téléspectateur dans les progammes, en direct ou en cours de production, afin de le faire adhérer au maximum au contenu. Quelle meilleure manière d’impliquer le téléspectateur que de le faire vraiment participer à l’élaboration du contenu ? On serait alors loin de la « couch potato » se faisant servir un flux permanent de contenus non désirés…
Pour avoir un resultat des « audiences » tv sur twitter, il existe aussi « Tvtweet », et notamment la partie stats:
http://www.tvtweet.fr
Cordialement,