Bouygues Telecom ouvre la voie du quintuple-play, en intégrant des services domotiques à sa célèbre Bbox.
En effet, le 3ème opérateur de télécommunications français s’associe à la société IJENKO pour distribuer un service d’éco-maîtrise du foyer via une plateforme de services domotiques. Ces services se présentent sous la forme de packs composés d’une box énergie que l’on connecte simplement et directement à la Bbox. L’offre est composée de 2 packs.
Le pack classique « Pilotage et maîtrise de l’énergie »
Ce premier pack, composé de la box énergie, d’un capteur à installer sur son compteur électrique, et de trois prises intelligentes à brancher sur les appareils électriques, permet de commander à distance ses appareils électriques et de suivre leur consommation énergétique en temps réel. Il est facturé 4,90 € par mois.
Le pack confort « Pilotage, maîtrise de l’énergie et sécurité / confort »
En plus du pack classique, ce second pack, facturé 9,90 € par mois, offre la possibilité de surveiller son domicile à distance grâce à un capteur d’humidité, un détecteur de mouvement et un détecteur d’ouverture et de fermeture de porte. Ces dispositifs permettent au consommateur d’être alerté par SMS en cas d’urgence (fuite d’eau, intrusion, qualité anormale de l’air, …). Il peut également déclencher un programme spécifique pour chaque type d’anomalie détectée ; par exemple, il peut programmer l’allumage des lumières en cas de détection d’une présence…
Si ce partenariat fait beaucoup parler de lui depuis quelques jours, les solutions d’IJENKO ne sont pas pour autant réservées aux clients Bouygues Telecom, et sont compatibles avec n’importe quel fournisseur d’accès. Néanmoins, l’alliance avec Bouygues Telecom fait bénéficier aux clients Bbox d’une économie mensuelle de 5 € sur les 2 packs, qui sont habituellement commercialisés respectivement à 9,90 € et 14,90 €.
Un pas de plus vers la démocratisation de la domotique dans les foyers français
Qu’il s’agisse d’automatisme, de surveillance, ou de gestion d’énergie, la domotique n’a pas attendu les opérateurs et leurs box pour entrer dans les foyers français. Il n’empêche que la « maison connectée », devenue le leitmotiv de la domotique depuis une dizaine d’années, ne connaît aujourd’hui que très peu d’initiatives et est encore vue comme un luxe, les seuls usages courants étant limités aux alarmes, volets électriques et portails électriques. Les opérateurs de télécommunications, avec une relation déjà établie avec plusieurs dizaines de millions d’abonnés, bénéficient avec leurs box ADSL d’un excellent point d’entrée dans les foyers français, et jouissent d’une très grande légitimité dans la démocratisation des services domotiques.
Bouygues Telecom tire donc parti de ses liens avec la start-up IJENKO, dont il l’un des deux actionnaires majoritaires avec Direct-Energie, pour prendre les devants aux dépens de ses concurrents. Mais tout laisse penser que ceci n’est qu’un début, et que les initiatives des opérateurs sur les terrains de la domotique vont rapidement se multiplier. En effet, SFR et Orange semblent travailler sur des projets en propre et désirent vraisemblablement pénétrer le marché du Smart Home. En effet, SFR teste actuellement sa solution SFR Home Commande Alarme, et Orange pourrait aller encore plus loin avec le projet MBox, en proposant des services nativement intégrés dans les prochaines générations de Livebox.
L’arrivée des opérateurs risque également de bousculer le modèle économique jusqu’ici privilégié dans la domotique. En effet, il ne s’agit dans ici d’un achat de matériel, mais d’une location qui se traduit sous forme d’un abonnement mensuel, fidèlement au business model adopté par les opérateurs pour les autres services.
S’il est indéniable que Bouygues Telecom propose ici un service à véritable valeur ajoutée, l’intérêt économique pour le consommateur semble discutable, et le retour sur investissement difficilement atteignable. En effet, si l’on considère que la facture mensuelle moyenne d’un foyer est de 58 € (rapport annuel CRE 2010), dont 46 € liés à la consommation, et que les appareils électroménagers ne pèsent que pour 20% de la consommation totale (logement avec un chauffage électrique) soit 14 €. Il est donc difficile d’imaginer rentabiliser les 4,90 € d’abonnement mensuel au service, la plupart des estimations sur les économies d’énergie pour ce genre de service s’élèvent à 15% soit 1,4 € dans notre exemple.
Après les interruptions successives de Google PowerMeter et de Microsoft Hohm, Bouygues Telecom saura-t-il séduire et tenir la distance avec ses services domotiques ?
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