Après une approche générale de l’e-santé et la m-santé, notre réflexion va s’orienter plus spécifiquement sur les acteurs en train de définir les usages de demain.
Le rôle des opérateurs
Des exemples concrets de solutions m-santé ont vu le jour ces dernières années avec notamment des initiatives de Telefonica en Espagne (mise en place d’un système de contrôle à distance permettant de faire de la rééducation postopératoire quotidienne non plus à l’hôpital mais chez soi) ou d’AT&T aux États-Unis (appareil de suivi à distance et de conseils pour les patients atteints de diabète).
En France, c’est Orange Healthcare qui semble prendre de l’avance. Un de leur projet pilote, en collaboration avec Sorin, leader dans les domaines des appareils traitant les maladies cardiovasculaires, concerne les pacemakers : ceux-ci sont capables de transmettre toutes leurs données à un boitier Orange placé au sein de la maison du patient, données qui sont alors transmises directement à son médecin. Le travail de ce dernier est simplifié, le suivi du patient est plus régulier et plus rapide, la détection d’une anomalie se fait rapidement : c’est une solution gagnante pour toutes les parties (patient / médecin / opérateur / équipementier).
Reste à savoir quel acteur tirera son épingle du jeu : pour les opérateurs, la concurrence devient féroce et les partenaires d’hier seront aussi les concurrents de demain.
La place du mobile
Du côté du mobile et des applications, un vrai marché est en train de se créer, excluant le plus souvent les opérateurs de la chaîne de valeur. Ainsi, d’après une étude menée par Research2Guidance, les éditeurs d’applications mobiles restent persuadés qu’ils seront les premiers acteurs du domaine de la m-santé d’ici cinq ans. On peut trouver un exemple concret sur l’AppStore d’Apple, plus gros store pour les applications mobiles : il existe une vingtaine de catégories préétablies, dont « Médecine » et « Forme et santé ». Il y a donc une vraie offre du côté des développeurs et une vraie demande du côté des consommateurs.
On trouve ainsi dans le classement de l’AppStore des applications gratuites pour donner son sang, suivre son traitement ou trouver une pharmacie, s’informer sur des médicaments ou de l’homéopathie, passer des appels d’urgence en France comme à l’étranger ou agir en cas d’arrêt cardiaque… Le top payant est lui aussi intéressant, parfois plus orienté professionnel, avec le Vidal ou des informations sur les constantes biologiques, mais aussi plus grand public, avec de nombreuses applications accompagnant la grossesse ou permettant de gérer sa prise de pilule. Soulignons au passage le rôle du gouvernement dans certaines initiatives, au travers de leur service Proxima mobile : c’est le cas notamment de l’application Don de sang, application officielle de l’Établissement Français du Sang.
Du côté des équipementiers
Mais ces éditeurs doivent faire face à une autre concurrence : celle des équipementiers. De plus en plus d’objets communicants sont développés pour la santé et une des portes d’entrée pour accéder aux données est le smartphone. Si certains constructeurs se rallient aux opérateurs et leur fournissent le matériel nécessaire pour recueillir les données médicales (c’est le cas par exemple d’Ericsson qui offre une large gamme de capteurs pour mesurer poids, asthme, pression sanguine, glycémie…), d’autres tentent de toucher directement le consommateur / patient final (Withings notamment, avec son pèse personne ou son contrôleur de pression). En revanche pour cette deuxième stratégie la question du business model subsiste : faut-il ou non faire payer l’application, quelle sera la vraie source de revenue ? Les différents acteurs semblent s’accorder sur le choix de rester focalisés sur leur métier et d’utiliser leur application comme un cheval de Troie vers le produit, une extension gratuite qui fera croitre leurs ventes. L’exemple le plus simple est celui des appareils de mesure connectés au réseau (balance, glucomètre…) : « offrez l’application et vendez ainsi plus d’appareils ».
Pour aller plus loin
Dans le but d’approfondir le sujet de l’e-santé, nous vous proposerons dans les semaines qui viennent un entretien avec Jean-Marie Dunand, responsable e-santé chez SFR. A la tête de différents projets pour l’opérateur, il nous expliquera quel rôle le mobile, et plus généralement les opérateurs, peuvent jouer dans la e-santé de demain.
C’est un sujet qui pourrait être développé auprès de responsables sinistres dans certaines compagnies d’assurance pour améliorer les aides techniques des blessés graves
A votre disposition pour approfondir ce domaine
On imagine alors assez vite les applications de ces technologies à la santé : un médecin pourrait observer les radios d’un patient reçues sur son smartphone pendant une consultation à domicile .