Deux modèles NFC…pour un seul marché
Les services NFC, en dehors de la lecture d’informations via les tags, nécessitent un élément de sécurité dès lors qu’il s’agit de réaliser des achats ou valider un titre de transport. A date, la concurrence s’intensifie entre deux modèles principaux : d’un côté, les opérateurs télécoms font la promotion d’un modèle NFC dans lequel l’élément de sécurité est la carte SIM du téléphone. Ils s’assurent ainsi la « possession » des usages de leurs clients, en louant aux fournisseurs de service un emplacement sur leur carte afin de pouvoir proposer leurs services. De l’autre, les initiatives d’acteurs comme Google (et vraisemblablement Apple, qui cherche par ailleurs de surcroît à virtualiser la SIM) basent la sécurité du NFC sur un chipset qu’ils maîtrisent en propre.
Chacun essaie ainsi de se créer un « walled garden » et de s’accaparer les usages de ses clients.
A ce petit jeu, un acteur comme Apple a démontré toute sa capacité à travailler en circuit fermé, grâce à iTunes et en possédant de facto les données bancaires de ses clients. De quoi donner de l’écho à ses premiers pas sur le domaine du paiement mobile, via le système Square. Google de son côté, par sa stratégie « cheval de Troie » via son OS mobile Androïd, adresse déjà au T4 2010 un quart des smartphones vendus, et ce chiffre ne peut qu’augmenter. Androïd NFC, Google Checkout, services de localisation Google Maps…La voie NFC semble toute tracée pour le géant du web. Les opérateurs sentent de leur côté souffler le vent de la désintermédiation, aussi bien connu que difficile à arrêter, et cherchent à s’organiser pour faire face aux offensives des acteurs qui cherchent à verticaliser le business sans contact.
Les opérateurs français annoncent le déploiement d’un million de terminaux NFC Cityzi en 2011
Cette annonce, faite dans un communiqué de presse commun, sera-t-elle suffisante face à la force de frappe d’un OS Google Androïd NFC prévu sur des dizaines de références de mobiles en 2011?
Il ne fait selon moi pas de doute que le NFC va décoller et se développer dès 2011 en Europe, poussé en premier lieu par l’apparition des tags qui permettront d’éduquer les clients. A la question « qui des opérateurs ou de Google / Apple réussira à préempter les usages et donc les revenus », je répondrai que la force de frappe des acteurs de l’Ouest Américain doit faire réagir très vite les opérateurs s’ils veulent imposer l’élément de sécurité SIM. Cette bataille se jouera sur plusieurs fronts :
– Garantir aux constructeurs des commandes de terminaux SIM centric conséquentes, susceptibles de contrebalancer les volumes de Google et Apple
– Réaliser un lobbying farouche sur les questions de sécurité et mettre en avant les garanties apportées par la SIM
– Préempter les usages auprès de leurs clients, en concluant des partenariats privilégiés avec des acteurs locaux (transport, commerce, lieux culturels…), afin d’éduquer les clients à ces nouveaux usages.
– S’associer pour proposer une expérience client fluide, simple, sans couture et mettre en place un accompagnement rassurant, gage d’une relation client fidèle et stable.
Ce n’est qu’à ce prix que les opérateurs peuvent avoir une chance d’exister dans un paysage NFC rapidement investi par les big ones que sont Apple et Google.
Romain L. et Loïc M.