Suite du post du 3 février
Pourquoi la révolution aura tout de même lieu
D’abord parce que la position des chaînes s’affaiblit. L’accroissement de leur nombre s’est accompagné d’une dispersion de l’audience et donc d’une fragilisation des revenus publicitaires. Or, face à l’arrivée des services de contenu OTT, les chaînes vont devoir renforcer leur position avec des contenus exclusifs, ce qui induira un coût de moins en moins supportable pour elles. De plus, l’ouverture de la TV à l’Internet entrainera une confrontation directe du marché de la publicité TV au marché de la publicité Internet et entrainera une pression croissante sur les revenus des chaînes.
Cette fragilisation des chaînes pourrait entrainer à terme une émancipation de certains contenus premium au profit des ces nouvelles plateformes d’intermédiation.
La question se pose déjà pour le sport. Suffisamment attractif pour justifier un abonnement dédié, certaines ligues américaines proposent désormais leur contenu via des chaînes propres. En France, La Ligue de football proposera sa chaîne CFoot sur la TNT payante dès cette année. Sans attendre la perte d’influence des chaînes, Netflix a même déjà réussi à faire infléchir les ayants-droits afin de proposer une offre suffisamment riche pour pousser certains américains à se désabonner de leur offre traditionnelle (une étude du Crédit Suisse indique que 37% des abonnés Netflix entre 25 et 34 ans substituent Netflix à leur télévision payante).
Pour contrer ce risque croissant, les chaîne s’organisent et deviennent elles-mêmes moteurs sur ce marché. Plusieurs grandes chaînes européennes (dont France Télévisions) ont développé ensemble le protocole HbbTV, qu’elles souhaitent promouvoir comme futur standard pour la TV connectée. Au delà d’une stratégie purement défensive, les chaînes et ayants droits savent qu’elles peuvent tirer de formidables bénéfices de nouvelles possibilités d’interaction offerte par Internet, avec un téléspectateur qui pourrait alors commenter, jouer, infléchir, intervenir, acheter… directement depuis sa télévision.
Car l’enjeu ne se limite pas au contenu vidéo et de nombreux services attendent d’investir aussi nos écrans.
Facebook, déjà au centre de nos usages PC et mobile, déjà principal prescripteur de vidéos sur Internet, a toute légitimité à s’exporter sur la télévision et permettre aux téléspectateurs d’échanger sur les programmes qu’ils regardent ou devenir notre prochain guide des programmes. Les jeux vidéo, déjà très présents via les consoles de jeux, pourraient devenir de même un futur pilier de la TV connectée. A travers le cloud gaming, concept rendu aujourd’hui concret par le service OnLive ou le casual gaming, ces petits jeux à prix réduit qui inondent les appstores de nos smartphones, comme le hit Angry birds, téléchargé 42 millions de fois.
Contenus, réseaux sociaux, jeux vidéo, … une infinité de services sont imaginables et ce sont certainement ces mêmes appstores qui deviendront le point d’entrée vers la télévision.
En conclusion
Le chemin est encore long et de nombreuses barrières restent à faire tomber. Mais si 2010 n’a pas su encore concrétiser toutes les promesses de la télévision connectée, le sujet est bien là et chaque nouvelle initiative le rend un peu plus concret. Nul doute que 2011 s’annonce passionnant !
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