2010 devait être l’année de la télévision connectée :
Dès janvier, les premiers téléviseurs connectés (intégrant majoritairement la solution Yahoo! connected TV ) envahissent le CES de Las Vegas. En mars, Orange et TF1 signent des partenariats avec LG et Samsung pour la fourniture de services disponibles directement sur les téléviseurs des constructeurs. Google dévoile sa Google TV en mai, suivi très rapidement par Apple et son Apple TV entièrement repensée. Microsoft annonce en novembre vouloir se mêler à la danse. Free ferme la marche en décembre avec sa Freebox révolution.
Le sujet se démocratise. Youtube multiplie les évolutions pour investir nos télévisions. De nouveaux acteurs comme Hulu et Netflix font une entrée remarquée. Le grand emprunt numérique bénéficie à l’alliance INA/Myskreen dans l’optique de proposer un équivalent français.
On prédit rapidement la fin du « coach potato », le téléspectateur affalé sur son canapé, au profit « connected potato », rompu à la consommation délinéarisée, à la navigation entre les services et au multitasking.
2010 devait être l’année de la télévision connectée et pourtant, à l’heure du bilan, il semble que notre télévision n’a toujours pas vécu le bouleversement escompté. La ménagère de moins de 50 ans fait toujours foi, on regarde toujours autant ce bon vieux flux linéaire et comme un pied de nez aux nouveaux entrants, les chaînes jouent sur la nostalgie et nous ressortent des émissions disparues il y a 20 ans.
Pourquoi la révolution n’a pas (encore) eu lieu ?
Des services trop complexes
La télévision est un média de masse. Pour assurer son succès, la télévision connectée doit donc répondre aux attentes de monsieur-tout-le-monde. Pourtant, plusieurs barrières existent.
Démarrons avec la Google TV et sa télécommande. Si les fonctionnalités proposées par la plateforme justifient son design, la complexité affichée est telle qu’elle représente à elle-seule un frein irrévocable à une large adoption du service.
Une télécommande simple, voilà ce que propose l’Apple TV. L’offre actuelle repose toutefois uniquement sur du contenu délinéarisé. Démocratisé par Internet, cet usage possède un inconvénient majeur lorsqu’on souhaite le transposer à la télévision : il faut à chaque fois faire des choix. Avec une consommation télévisuelle quotidienne de 4h, on voit vite arriver les limites d’un tel modèle.
Ne pas faire de choix, c’est l’atout du français Fair Play Interactive qui propose une plate-forme de diffusion délinéarisée permettant la création de chaînes de télévision 100% personnalisées. Deux écueils demeurent : comment adapter le profiling à un usage familial ? Comment intégrer le fait que je n’ai pas forcément envie des mêmes contenus le matin que le soir, à noël qu’en été ? Le profiling automatique, c’est bien mais peut serait-il encore mieux de confier cela a des experts qui puissent me guider. Des programmateurs aguerris à mes besoins… en deux mots, des chaînes TV.
Des contenus peu attractifs
Si la complexité d’utilisation des services représente un frein réel pour un usage démocratisé, elle justifie moins le manque d’engouement constaté des plus technophiles. Car il existe une deuxième limite aux services actuels : celle de la richesse de leur offre.
La plupart des nouveaux entrants sont issus du secteur technologique et maîtrisent peu les problématiques de contenu. Google, qui n’offre pas de business model défini aux ayant-droits, a vu son service TV bloqué par la grande majorité des chaînes. Hors de question pour elles de fournir gratuitement du contenu pour lequel leurs clients historiques paient eux très chers (les cablo opérateurs reversent aux chaînes 32 milliards de dollars par an aux Etats-Unis).
Même Apple, qui possède avec iTunes une expertise contenu forte, propose une offre VOD plus réduite que ce que nous connaissons aujourd’hui avec nos offres Triple Play. La volonté de prix uniques d’Apple ainsi que la frilosité des ayants-droits vis-à-vis d’un acteur aujourd’hui en situation quasi monopolistique sur le marché de la musique expliquent en partie ce déficit de catalogue.
En conclusion
Forte complexité, renforcée par l’absence de consensus sur les nouveaux paradigmes de consommation télévisuelle, absence de contenus attractifs ; voila les deux freins actuels de la télévision connectée. Pourtant, si la bataille sera âpre, il n’en résulte pas moins que le bouleversement attendu aura bien lieu (la suite au prochain épisode)
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